LE TANTRISME

Tantra :  Un mot porteur de beaucoup de fantasmes, chargé de significations hautement positives ou largement dépréciatives, qu’il est presque impossible de le prononcer sans provoquer une forte réaction de dégoût ou de fascination. Il est important de parler de cette philosophie sacrée qui est aussi bien une vision globale du monde qu’une pratique qui tend à mobiliser toutes les énergies possibles et les plus puissantes pour réaliser une remontée vers la conscience totale et partant, de ce que l’hindouisme tout autant que le bouddhisme appelle la « libération ».

Une pratique ancestrale allie yoga, médiation et énergie sexuelle, en suivant des principes bien spécifiques ayant pour objectif d’atteindre une dimension sacrée, en plein état de conscience, par la fusion entre des principes masculins et féminins.   Le Tantra est parfaitement en accord avec la notion selon laquelle la sexualité, ou la fusion des opposés, c’est la base habituelle de tous les phénomènes, quelle que soit leur dimension.

La voie de la main droite ou tantra blanc qui est issue de la tradition bouddhiste. Cette voie est chaste, elle se base en grande partie sur la méditation et l’aspect spirituel de cette discipline.

La voie de la main gauche ou tantra rouge est plus sulfureuse, elle est de tradition hindoue et utilise l’énergie sexuelle et la sexualité pour atteindre une forme de spiritualité.

Les instruments de la transformation :

Purification : Le sujet doit abandonner son attitude basée sur différents principes d’éducation, à l’égard de son corps. Harmoniser le corps physique et les corps subtils s’ouvrant ainsi aux énergies cosmiques.

Identification et intériorisation : Processus de prise de conscience de ce monde interne .. reflet de son monde extérieur.

Équilibre : L’harmonie, condition de la réalisation. Les centres d’énergies supérieurs et inférieurs, les forces solaires et lunaires, le masculin et le féminin, l’inconscient et le conscient.

Unification : Processus de réalisation de soi, interaction et équilibre des forces, prendre conscience de cette unité : La condition suprême.

L’asana tantrique : incorpore 3 principaux types de contrôle :

Contrôle de la conscience : L’adepte doit développer la capacité de se concentrer et apprendre consciemment à contrôler son esprit.

Contrôle de la respiration par la maîtrise de la technique de Pranayama, qui au delà de sa fonction méditative, joue un rôle fondamentale dans l’éveil de la Kundalini.

Contrôle des émissions séminales : (masculine et féminine) La pratique de l’asana implique la rétention de l’énergie sexuelle. L’énergie orgasmique accumulée accroît la pression interne, transmutant les pulsions sexuelles en une telle puissance que le courant psychique est libéré. La transmutation de l’énergie sexuelle, connue par une brève période de « joie orgasmique » conduit à expérimenter un état d’extase qui se prolonge et dure dans le temps. En manipulant l’énergie inhérente à la sexualité physique, il est possible de trouver le moyen de s’élever jusqu’au plan spirituel, où se réalise la pure joie Ananda dans l’union transcendantale. Il s’agit d’expérimenter et de savourer la puissance de la sexualité en vue d’un retour pleinement conscient à l’état primordial d’unité.

Les tantrikas furent les premiers à libérer la sexualité de son orientation limitée et à en reconnaître la valeur spirituelle. La sexualité est spiritualisée, revivifiée, sublimée et considérée comme une donnée acceptable dans le domaine des pratiques rituelles. L’attitude sexuelle d’un tantrika pratiquant est inconditionnelle : la sexualité n’est considérée ni dans un contexte moral, ascétique ou inhibiteur, ni sous l’angle de l’indulgence ou du laisser-aller.

La pratique rituelle est dépourvue d’émotions et de pulsions sentimentales. Elle est soutenue par la possibilité technique d’utiliser la sexualité comme un moyen de réalisation. Elle n’est ni morale, ni immorale, elle est amorale. Le tantrika se distingue des puritains en ce qui concerne le mépris des facteurs psychophysiologiques qui sont à la racine de nos instincts. La libération procède d’un changement de perspective, le corps physique est transcendé par l’usage qu’on en fait dans une quête de transformation. Le corps est un simple instrument, aucun code moral, aucune éthique sociale ne peuvent le maintenir prisonnier.

Le Tantra ne condamne pas le sexe .. pas plus qu’il ne s’y complaît.  Il cherche simplement à le comprendre et à s’élever du plan animal au plan humain dans une perspective divine.  La sensualité est la forme et la spiritualité en est l’essence .. Être de plus en plus sensuel, c’est être de plus en plus ouvert, de plus en plus vivant ! C’est par les sens que s’exprime l’existence .. ainsi vibrer la vie, partout où elle se manifeste dans sa diversité de couleurs, de formes, de goûts, de parfums, de sons, c’est s’enrichir, c’est participer à son mystère…

A toutes les étapes du rituel, dans le face à face, où deux êtres agissent et s’éveillent ensemble à une relation complexe impliquant le corps, les sens et l’esprit, l’union se réalise. Le sexe consume l’ego, toutefois, la sexualité est ambiguë. Elle peut mener l’individu au bord de sa réalisation ou à sa ruine. Dans la mesure où les adeptes s’intègrent harmonieusement à la totalité avec la conscience intense de leurs affinités spirituelles, ils peuvent parvenir à une profonde expérience. Si, des différences les séparent, et s’ils se prêtent à des jeux d’ego, ils ne feront que perpétuer une situation contraire à la libération. Les personnes qui se livrent au Tantra pour des raisons uniquement érotiques, sans tenir compte des fins spirituelles, ne font que s’abuser eux-même.

Notre degré de possessivité est lié à la quantité d’amour dont on a besoin, le besoin d’amour d’un être est proportionnel à son immaturité. Plus un être est mûr psychologiquement, spirituellement, moins il a un besoin névrotique d’amour, plus il en a à donner… Finalement, toute entreprise spirituelle ne suit-elle pas ce mouvement ? Ne tente-t-elle pas de mobiliser tout l’être vers sa réalisation qui est : la libération ?